Génie polyvalent et touche-à-tout
Margarete Affenzeller - Der Standard (30 juillet 2008)

Du grand art au Festival de Salzbourg, en ville et à la campagne Des moments de non-jonction Le Festival s’est ouvert lundi à la Pernerinsel avec « La Maison des cerfs » de Jan Lauwers, un spectacle que l’on peut voir également en tant qu’élément d’une trilogie. Une soirée qui élargit le cœur. Margarete Affenzeller Hallein – Des cerfs (en caoutchouc) tombent des combles du théâtre sur la scène et font en s’écrasant un bruit qui transperce les sens. Pour la plupart, ce sont des troncs avec juste de petits moignons de pattes. Leurs bois sont suspendus plus loin à des porte-manteaux. C’est ainsi qu’on chasse, à la Pernerinsel à Hallein. Des moutons et autres bêtes sauvages en caoutchouc sont entassés sur des chariots, ou sont disposés en rang d’oignons à l’arrière de la scène très large et baignée de lumière de cet ancien immeuble industriel, qui est utilisé avec bonheur comme théâtre par le Festival de Salzbourg depuis le début des années 1990. Thomas Oberender, le directeur des spectacles, a réussi cette année à engager pour le grand théâtre off – qui n’est pas encore atteint par le smog du théâtre urbain, et qui se prête à merveille à des soirées théâtrales hors catégorie – l’artiste flamand Jan Lauwers, qui est venu à Salzach avec sa troupe Needcompany et la première de « La Maison des cerfs ». Ce troisième volet de sa trilogie « Sad Face / Happy Face » – dont font également partie la pièce « Le Bazar du Homard » et la production magistrale « La chambre d’Isabella » – a tracé, lors de la première lundi soir, un trait de lumière à travers une histoire profondément triste, qui commence par la mort d’un photographe de guerre, le frère de la danseuse Tijen Lawton. Lauwers cite comme thèmes la tristesse et la perte d’un être cher, et il se sert de l’art comme d’un moyen pour créer une distance. Dans une représentation qui rassemble en parallèle des éléments féeriques et dramatiques, Lauwers déploie un nombre toujours croissant d’espaces intermédiaires inconnus, à imaginer par le spectateur lui-même. Il fait correspondre, sur les plans chorégraphique, visuel et lyrique, des éléments féeriques (les gens avec leurs ridicules oreilles de hobbits) avec la grande tragédie grecque (les scènes qui finissent en chant choral), pour finalement les faire exister à nouveau par eux-mêmes juste avant qu’ils se confondent. Ces moments de non-jonction ne laissent pas de répit aux spectateurs. L’intrigue ne fait pas exception : dans la montagne ravagée par la guerre, une matriarche (Viviane De Muynck) dirige une entreprise familiale qui vit de la vente de bois de cerfs. Un photographe de guerre rapporte sa fille morte à la maison des cerfs (la scène de l’habillage est incontestablement l’un des plus grands moments du théâtre) ; on l’a forcé à la tuer, afin de sauver la vie de sa fille. A partir de là se ramifient toutes les lignes narratives possibles– sous l’œil paisible des cerfs en plastique – pleines de vengeance ou de miséricorde, de mort ou de vie, selon la situation et le moment : Sad Face / Happy Face. Voilà une belle concrétisation d’une œuvre d’art totale, une forme d’art qui bénéficie en Belgique d’un bon terreau et qui trouve la force de s’y déployer (voir également Jan Fabre). Depuis plus de vingt ans, la troupe Needcompany (fondée par Jan Lauwers et Grace Ellen Barkey) figure dans tous les hit-parades des festivals. Et cela fait longtemps que Jan Lauwers influence de son art des stars actuelles de la mise en scène comme Stefan Pucher, René Pollesch ou Michael Thalheimer. Un élargissement du théâtre – et du cœur.

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